Smart Module Concept : la maison à grande vitesse

Des maisons modulaires en bois, une production industrialisée et des matériaux biosourcés : sept ans après sa création, Smart Module Concept (SMC) a décuplé ses effectifs et multiplie les livraisons – plus de 300 cette année. En ligne de mire, le seuil des mille modules par an.

Dernière réalisation d’envergure en date, les 22 maisons en bois sorties de terre au printemps dernier à la Chapelle d’Armentières témoignent du savoir-faire de la start-up créée en 2009 par Grégoire Capelle et Thibaut Leroy. Préfabriqués à 95 % dans les ateliers de SMC au Port de Lille puis transportés jusqu’au Domaine du Nouveau Monde, les logements et leurs modules ont été livrés en… trois jours. Au pays de la brique, ils intègrent depuis leurs façades de bois aux lignes épurées, inspirées des constructions nordiques. « La France a longtemps été la championne du monde du béton. C’est l’héritage de la fable des trois petits cochons : dans l’esprit des gens, une maison solide, c’est longtemps resté une maison en pierre ou en béton », sourit Thibaut Leroy. Les goûts changent, les mentalités évoluent et les structures bois sont aujourd’hui aussi solide que l’acier. Tout ceci offre de nouvelles solutions aux consommateurs ».

Industrialiser l’architecture

Retour arrière : voici sept ans, deux élèves de l’Institut Catholique des Arts et Métiers (ICAM), Grégoire Capelle et Thibaut Leroy, identifient trois problèmes propres au monde du bâtiment : les délais, la qualité et un coût de construction moyen multiplié par deux en quinze ans. Un contexte qui conduit les particuliers à s’endetter lourdement pour rénover des maisons anciennes ou construire des bâtiments certes neufs, mais peu efficaces sur le plan énergétique et écologique. Pire, les chantiers classiques imposent l’intervention d’un ensemble de corps de métiers qui dépendent les uns des autres, avec des délais interminables à la clef. Pénible quand on rêve d’enfin s’installer chez soi…

Une fois ces freins identifiés, les deux jeunes gens développent une toute autre ambition : construire rapidement des maisons écologiques et durables. Une équation impossible ? Pas pour les deux jeunes entrepreneurs : en s’inspirant des techniques adoptées par l’industrie automobile, Smart Module Concept (SMC) parie sur l’industrialisation de l’architecture et développe leur concept, inspiré de pratiques déjà courantes au Danemark et en Scandinavie.

Quelques années de recherche et une formation aux ossatures bois plus tard, le système modulaire propre à SMC est au point. Le premier prototype voit le jour à Bondues et illustre déjà la philosophie propre à la jeune start-up, centrée sur l’idée d’une architecture de qualité à l’esthétique élégante, loin des clichés associés au préfabriqué. « C’est un peu comme pour une voiture » explique Thibaut Leroy : « l’industrialisation n’est que l’outil d’un produit au fini irréprochable ». A savoir une maison construite à 95 % en atelier, le tout sans faire l’erreur de se risquer à une standardisation éloignée des préférences des clients hexagonaux. En réalité, « il n’existe pas de plan tout fait et chaque ensemble prend sa personnalité propre », explique Thibault Leroy. « Le nombre et l’organisation de nos modules varie en fonction de chaque projet pour répondre aux attentes du client en termes de surfaces, d’usage… ».

L’écologie au cœur du projet

Le modèle industriel défini par les SMC permet de réaliser des bâtiments variés (logements, écoles, bureaux…) sans rien céder aux préoccupations écologiques chères aux fondateurs, dans la droite ligne des concepts développés dans la démarche rev3. Une évidence pour Thibault Leroy : « Grégoire et moi ne nous sommes pas même posés la question : pour notre génération, l’empreinte carbone est un sujet essentiel. Ce n’est pas de l’écologie militante, c’est du pragmatisme : nous avons toujours considéré comme un présupposé le fait que nos constructions devaient être durables, recyclées et recyclables ». En témoigne le choix du bois comme matériau principal – des épicéas cultivés et coupés en France – retenu pour leurs atouts écologiques, structurels, thermiques et hygrométriques. Retravaillé techniquement, le bois permet de relever des défis architecturaux ambitieux, comme la possibilité de créer de grands espaces ouverts. Les modules intègrent des systèmes de chauffage, de ventilation et de production d’eau chaude qui permettent à la start-up d’optimiser les installations techniques, tout en combinant divers matériaux écologiques : lin, ouate de cellulose, coton… Le tout pour un maximum de confort et un minimum de consommation.

High tech et coups de marteau

Dans l’entreprise, les outils derniers cris de la conception voisinent avec les machines classiques des menuisiers. Conçu sur maquette 3D, chaque bâtiment est ensuite assemblé dans les hangars de 14 000 mètres carrés du quartier de Port de Lille. Panneaux et madriers sont découpés sur place avant d’être assemblés en dix étapes et en trois semaines. Il ne reste plus qu’à assembler les éléments sur le terrain retenu – en une demi-journée ! – avant d’entamer les finitions, achevées en deux jours. A la Chapelle d’Armentières, les 22 maisons acheminées par transport exceptionnel et déposées à l’aide grues étaient prêtes à vivre : peinture, salle de bains équipée… Il ne restait plus qu’à les raccorder aux différents réseaux. Les projets suivants sont déjà en cours, notamment avec des bailleurs sociaux de Béthune, Verquin, Oignies, Avion… L’entreprise conçoit également une école qui verra bientôt le jour à Annecy.

Simple, efficace, l’activité de SMC a séduit le groupe Rabot-Dutilleul qui a intégré la start-up en 2013 – la reconnaissance d’un savoir-faire pour Thibaut Leroy qui estime que SMC a gagné plusieurs années en s’appuyant ainsi sur le réseau d’un groupe reconnu. Depuis, les projets se multiplient ; pour faire face à un carnet de commandes qui dépasse les 10 millions d’euros, l’entreprise a décuplé ses effectifs pour employer aujourd’hui 55 salariés, dont une quarantaine ont été recrutés depuis janvier dernier, en partenariat avec Pôle Emploi, dans le cadre d’un recrutement par simulation. Là encore, l’entreprise innove en valorisant des profils diversifiés, sans s’arrêter aux seules formations des candidats. Pas besoin de CV ou d’expérience : seule compte la motivation et le savoir-être. « Dis-moi ce que tu construis, je te dirai qui tu es », en somme…

Retrouvez d’autres portraits d’entreprises rev3 dans « la vie rev3 des Hauts-de-France« 

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