Explosion numérique oblige, le stockage des fameuses datas vire au casse-tête pour des professionnels inquiets de l’archivage et de la sécurisation de leurs précieuses données. Née en juillet 2014 de la reprise d’un spin off de l’Université de Picardie Jules Verne (UPJV), la start-up amiénoise Ubiquitus développe Ugloo, une solution de sauvegarde originale, sûre et à bas coût – et verte. Une alternative précieuse à des data centers de plus en plus gourmands en ressources.
Big Data, objets connectés, poids croissant des fichiers multimédia, télémédecine… Pour les grands groupes comme pour les PME ou les collectivités, la croissance colossale de la masse de données produite chaque jour de vient un problème d’autant plus aigu que le volume produit devrait décupler d’ici cinq ans. Avec en ligne de mire la nécessité de garantir un accès rapide à des informations sécurisées et indestructibles.
Installée depuis 2014 au cœur de la pépinière d’entreprise de l’UPJV, au L@b’, la start-up Ubiquitus connaît d’autant mieux la question qu’elle a débord développé des solutions d’archivage et de diffusion d’imagerie médicale pour les hôpitaux et les centres de radiologie. Particulièrement gourmandes en espace disque, ces dernières ont débouché naturellement sur la volonté de développer une sauvegarde originale, verte et sûre.
Pour quelques milliards d’octets de plus
L’idée de son fondateur, Christophe Laire, et de la quinzaine d’ingénieurs qui l’entourent repose sur un constat simple : très consommatrices d’électricité, les solutions proposées par les data centers sont chères alors que les espaces de stockage libres sont partout – littéralement partout puisque le parc informatique hexagonal regorge de machines (box, ordinateurs, serveurs…) dont les disques durs sont loin d’être pleins – à peine 35 % de leur potentiel en moyenne. L’opérateur Orange évalue ainsi à près de deux millions de Téraoctets (deux millions de fois 1000 Go, pour utiliser une mesure plus familière) l’espace libre sur ses box d’un To. Un gisement idéal pour stocker des informations comme les données « froides », celles qui se doivent d’être accessibles « au cas où », pendant une durée indéterminée.
En dehors du soutien financier de la Banque publique d’investissement (50 000 euros) et de la Région (100 000 euros), Christophe Laire a pu s’appuyer sur les infrastructures d’Orange pour développer Ugloo, une solution de sauvegarde destinée à optimiser ces espaces sur la base d’un principe maître : la décentralisation du stockage. Chaque utilisateur d’Ugloo crée ou rejoint une « tribu collaborative », fractionnant et distribuant ainsi ses fichiers dans un réseau de plusieurs milliers de disques. Le concept a rapidement séduit des clients comme l’Université de Picardie, le transporteur de fonds Brinks, la société de transports Salesky… En tout une trentaine de clients en deux ans, pour un chiffre d’affaires de 250 000€ en 2016. Un chiffre qui devrait croître rapidement : Christophe Laire espère atteindre 1,3 millions d’euros cette année et 3,5 millions en 2018.
Avec Ugloo, sécurité, écologie, économies
Simple et surtout vert : en exploitant des machines déjà existantes, Ugloo représente une solution écologique puisqu’elle ouvre l’accès à une sorte de gigantesque datacenter virtuel, sans nécessiter d’achats d’espace supplémentaires ou de nouvelles opérations de construction et de maintenance. Autre atout précieux pour les entreprises : ainsi cryptés et fragmentés, les fichiers des entreprises atteignent un niveau de sécurité inégalable, face aux attaques comme aux accidents, grâce à une reconstitution automatique des données en cas de perte. Cerise sur le gâteau enfin, le coût réduit de la solution. Non seulement Ugloo s’intègre dans les infrastructures existantes, mais sa nature collaborative fait que l’entreprise cliente prend en charge le seul prix de la licence.
Sûre, verte et économique : Ugloo a de quoi séduire les DSI de France et de Navarre – et d’ailleurs : au terme d’une levée de fonds réussie suite à son passage par l’accélérateur de start-up The Family, la société parie désormais sur un déploiement international.