Depuis qu’elle a fait le choix d’abandonner le nucléaire en 1978, l’Autriche s’est fortement engagée dans la voie du développement durable et de la production d’électricité verte. Au point de faire figure de pilote en Europe. 

Bientôt un an ! Le 5 novembre dernier, la plus vaste province autrichienne se déclarait « libre de toute énergie fossile » par la voix de son gouverneur Erwin Pröll. Autrement dit, le territoire de la Basse-Autriche qui entoure la capitale viennoise a atteint son objectif et couvre 100 % de ses besoins électriques avec de l’énergie renouvelable. Si l’annonce intervenait à quelques semaines de la COP21, c’est à l’abandon du nucléaire, 37 ans plus tôt, que l’élu faisait référence. Un référendum – le premier du genre – dont le résultat est depuis inscrit dans la constitution fédérale.
Depuis, tout le pays s’est mis au service de modes de production longtemps considérés dans le reste du monde comme des apports mineurs ou au mieux secondaires. Avec un objectif essentiel : assurer l’autonomie énergétique de ce pays de 8 millions et demi d’habitants, sans le mettre en situation de dépendance vis-à-vis de ses voisins.

Des conditions favorables

Dans cette optique, l’Autriche s’est largement appuyée sur sa géographie alpine. Rivières, lacs, fortes pentes… Comme la Suisse, elle bénéficie d’un cadre naturel favorable à la construction de barrages. D’où le choix de s’appuyer en majorité sur l’électricité hydraulique (63 % de la production en Basse-Autriche), complétée par l’éolien (26 %), la biomasse (9 %) et l’énergie solaire (2 %). Une exception au regard du niveau mondial, où la part de l’électricité verte atteint à peine 5 % du volume total produit.

Surtout, les autorités ont tout fait pour s’appuyer sur les préoccupations écologiques de la population, mises en évidence par le referendum de 1978. 300 000 habitants (sur une population de 1,65 millions !) de la province se sont engagés dans le programme local de transition énergétique, profitant d’une politique largement incitative. Subventions pour moderniser l’isolation des logements privés, aides à l’installation de panneaux photovoltaïques… Près de 3 milliards d’euros ont été alloués au programme d’aide publique par les pouvoirs publics, récompensés par la création de plus de 36 000 emplois verts dans les filières locales concernées.

Une figure de proue

Si la province a réussi un tour de force, c’est tout le pays qui suit son exemple : la république alpine s’est fixé l’objectif ambitieux d’assurer d’ici 2040 la moitié de ses besoins énergétiques totaux – chauffage, transports et industrie compris – grâce aux énergies renouvelables, lesquelles couvrent aujourd’hui 34 % de sa consommation.

Un objectif tenable dans un pays qui se veut en pointe en matière de croissance verte, dans tous les domaines : après tout, 20 % des terres agricoles autrichiennes sont dédiées au bio…