#rev3 d’ailleurs : au Canada, des fermes urbaines sur les toits

En 2011, quatre jeunes Québécois donnaient corps à une idée vieille de deux ans : transformer les toits d’un immeuble de Montréal en ferme végétale. Un pari réussi qui en appelle d’autres.

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Mohamed Hage, fondateur des fermes Lufa

Quatre trentenaires et un projet improbable : lorsque Mohamed Hage, informaticien de métier, réunit trois amis autour de lui en 2009, son pari semble risqué. L’idée ? Cultiver des aliments là où vit l’essentiel de la population, soit en pleine ville, est possible, souhaitable et réalisable à grande échelle. Autrement dit, hors de question de se limiter à arroser d’engrais quelques mètres carrés de terre sur le toit d’un immeuble. La biochimiste Lauren Rathmell, l’expert de la construction Yahya Badran et le serial entrepreneur Kurt Lynn rejoignent Mohamed Hage avec une ambition d’une autre échelle : changer la manière dont les habitants des villes s’alimentent en installant des fermes végétales en pleine ville, sur des toits adaptés.

Pour la petite histoire, c’est en répertoriant les toits commerciaux plats sur Google Earth que la petite équipe s’oriente vers le quartier du Marché central de Montréal. Deux ans plus tard, la serre « Ahuntsic » est installée sur le toit d’un immeuble de bureau de trois étages : 3.000 mètres carrés dédiés à la polyculture et financés par un tour de table qui rassemble plusieurs millions de dollars.

Produits frais et circuits courts

Entre agriculture urbaine, innovation et technologies, ce prototype grandeur nature permet de tester les bases du modèle de La Ferme Lufa : innovation, technologie et développement durable.

Sur le plan de l’innovation, la société fait dans l’agriculture 2.0 : son système d’exploitation ultra sophistiqué – 135.000 euros tout de même – permet de monitorer l’ensemble du cycle de production. Le logiciel détermine ce qu’il faut planter, quand récolter, en quelle quantité… Sur le plan écologique, la jeune société se veut irréprochable : « Nous utilisons des espaces inutilisés, nous récupérons la chaleur du bâtiment, nous capturons l’eau de pluie, l’eau d’irrigation et les nutriments sont réinjectés, la consommation d’énergie est limitée, les déchets sont compostés… » énumèrent les dirigeants. Les produits – aubergines, tomates, laitues, salades, chou frisé, concombres… – sont cultivés hors sol et à une température constante de 22 degrés, sans OGM, sans pesticides ou herbicides synthétiques.

De quoi récolter en une journée 2.500 kilos de légumes, écoulés chaque jour dans l’agglomération montréalaise. Là encore, c’est l’informatique qui gère les commandes de citadins capables de savoir au jour le jour ce qu’ils peuvent acheter sur le site web de la ferme, à des tarifs comparables à ceux des supermarchés. Il ne leur reste plus qu’à récupérer leur panier dans l’un des 250 points relais disséminés dans toute la ville. Cerise sur le gâteau, les partenariats passés par La Ferme Lufa avec des producteurs locaux leur permettent de récupérer par la même occasion d’autres aliments : viande, œufs, lait…  Mieux encore, l’entreprise propose depuis l’an dernier des livraisons à domicile, en vélo l’été ou en voiture l’hiver. Électriques, évidemment…

Pensé pour la clientèle urbaine, intelligent et complet : rien d’étonnant, si le succès est là, à l’heure des circuits courts. En seulement six ans, l’entreprise fournit déjà 2 % de la population de Montréal, a créé 80 emplois et ouvert une seconde ferme de 4.000 mètres carrés à Laval. Et construit actuellement une seconde surface à Montréal, deux fois plus grande que la première. Inspirant !

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