#rev3 d’ailleurs : à la poursuite du charbon vert en Ouganda

En Ouganda, 2 entrepreneurs français proposent un charbon… vert ! Un défi prometteur qui répond aux besoins tout en préservant les ressources naturelles.

charbon vertEn Ouganda, seules les classes les plus aisées peuvent se permettre de recourir au gaz pour répondre à leurs besoins énergétiques: 95 % de la population utilise du charbon, en particulier pour la cuisson des repas. Face à ce constat, deux entrepreneurs français, Vincent Kinzlier et Alexandre Laure, ont mis au point un procédé destiné à rendre cette source d’énergie moins onéreuse et plus protecteur pour la forêt ougandaise. Green Bio Energy, leur entreprise, a développé depuis 2012 un produit innovant : si ses briquettes ont la couleur et l’apparence du combustible fossile classique, elles sont à 80 % composées de miettes de charbon et de 20 % de résidus écologiques : cosses de riz, peaux de bananes… Le tout aggloméré au moyen d’un liant naturel comme le manioc.

Le tout fonctionne sur la base d’une démarche participative : les communautés de Kampala, la capitale, ont été associées au projet dès son origine. Contre rémunération, leurs membres se chargent de rassembler les miettes de charbon utilisées et de carboniser les déchets organiques, avec le soutien de l’entreprise qui les forme à ces missions. La matière première ainsi obtenue est ensuite acheminée dans des usines situées à une heure de la ville. Les ouvriers – tous des locaux – utilisent des machines conçues et développées sur place pour produire ces briquettes vendues 15 % moins chères que le charbon pur. Tout un système de livraison s’est mis en place et permet de fournir les consommateurs intéressés par cette source d’énergie qui présente aussi l’intérêt de préserver la forêt ougandaise.

Reste à changer les habitudes : pour une majorité d’habitants, les préoccupations environnementales sont loin de se classer au premier rang. A l’argument financier s’ajoute heureusement d’autres atouts : dont l’absence de dégagement de fumée. De quoi permettre de cuisiner à l’intérieur des logements… Dernier obstacle : convaincre les habitants d’attendre quelques minutes de plus la montée en température d’un combustible qui chauffe moins rapidement que du charbon pur. Un travail pédagogique déjà mis en place par l’entreprise, qui grandit doucement et envisage déjà d’étendre son réseau de distribution au-delà de la capitale.

Le saviez-vous ?

La production de charbon a des conséquences lourdes sur les ressources forestières ougandaises : le pays a perdu un tiers de ses forêts en vingt ans et les surfaces ne cessent de se réduire, poussant les habitants à se rendre de plus en plus loin pour trouver le bois nécessaire, que certains vont chercher jusque dans les parcs nationaux. Un phénomène d’autant plus regrettable qu’une infime partie de chaque arbre abattu devient réellement du charbon : pour obtenir le précieux combustible, les Ougandais élaguent les branches et assèchent le tronc, perdant déjà 35 % de la matière première. La carbonisation et le transport font le reste : au final, 5 % seulement des arbres abattus sont réellement transformés en charbon.

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