Mobilité urbaine : Happymoov voit grand

Une voiture ? Non. Un vélo ? Pas vraiment. Un tricycle ? Oui et non. Présents depuis 2006 à Lille, les drôles de machines roulantes du réseau Happymoov ont déjà investi les rues de plusieurs villes françaises. Un nouveau mode de déplacement urbain moderne, cool, et écolo. 

Un point commun entre Lille la nordiste et Amiens la picarde ? Dans ces deux villes, difficile de rater les « city cruisers » de Happymoov, la société fondée en 2006 par Antoine Duthoit. Facilement reconnaissables à leur look vaguement ovoïde et aux couleurs vives de l’habillage publicitaire du moment, la quinzaine de vélos-taxis lillois qui sillonnent depuis plusieurs années la capitale des Flandres ont su trouver leur public avant d’essaimer partout dans l’hexagone : Reims, Lyon, Bordeaux, Nantes, Toulouse… Une quinzaine de grandes villes françaises en tout, sans compter Anvers où Happymoov vient de tisser son premier partenariat international avec une société belge, attirée par la notoriété croissante du franchiseur nordiste.

La loi du dernier kilomètre

Avec ses drôles de machines capables de transporter deux passagers, Happymoov s’attaque à un problème bien connu des urbanistes ou des logisticiens – et plus empiriquement de tous les citadins : en centre-ville, c’est toujours le dernier kilomètre qui se relève le plus chronophage.

D’où l’idée de ce mode doux d’un nouveau genre, à mi-chemin entre les transports en commun, la marche et les taxis. Le principe ? Simple comme bonjour. Conçues et assemblées à Berlin, ces tricycles un peu spéciaux permettent à un chauffeur de transporter une ou deux personnes en centre-ville par tous les temps ou presque, grâce au toit qui les protège. Cerise sur le gâteau, certains peuvent accueillir des personnes âgées ou à mobilité réduite, voire embarquer un fauteuil roulant…

Idéal pour les citadins qui ne souhaitent pas tourner des heures à la recherche d’un parking ou pour les touristes qui cherchent à découvrir une ville sans (trop) user leurs semelles ou leurs mollets, d’autant que Happymoov propose des trajets spécialement conçus à leur attention, en lien avec les offices du tourisme locaux. De manière générale, le service s’adresse à tous ceux qui cherchent un moyen de se faufiler rapidement et facilement dans des centres-villes souvent piétonniers ou saturés de véhicules plus ou moins « verts ».

De ce côté-là, aucun risque : contrairement aux célèbres tuk-tuk asiatiques, les city cruisers de Happymoov n’ont pas de moteur. Mécaniquement parlant, ce sont de simples tricycles dotés d’un bon vieux pédalier – ou presque : pour préserver les forces, leurs pilotes peuvent compter sur le soutien enthousiaste d’une assistance électrique capable de les seconder en pleine côte ou lorsque les passagers transportent avec eux quelques sacs de courses… Le tout sans émettre la moindre particule fine : « l’ensemble de la flotte compte 150 vélos-taxis. Chaque année, nous transportons 400 000 piétons environ sur plus d’un million de kilomètres », résume Antoine Duthoit. Soit une centaine de tonnes de carbone qui ne termineront pas dans l’atmosphère… Une performance récompensée en 2015, lorsque le franchiseur lillois s’est retrouvé partenaire de la COP21 : sponsorisés par Suez, une quinzaine de vélos-taxis ont acheminé les visiteurs entre le Grand Palais et les autres arrondissements de Paris pendant la conférence internationale.

Happymoov : un modèle économique en pleine évolution

Pratique et malin, le service est aussi à la portée de toutes les bourses (4 à 9 euros à Lille, selon le type de course choisie et le nombre de passagers), grâce à un modèle économique particulier. Si chaque machine coûte autour de 10 000€, Happymoov finance ses coûts fixes grâce aux recettes publicitaires récoltées auprès d’annonceurs séduits tant par l’image écolo des citycruisers que par cet espace d’affichage mobile de 6 m² original et… visible : Antoine Duthoit estime qu’un vélo-taxi croise chaque jour 50 000 passants.

Les pilotes (ou happy riders, dans le langage maison), de leur côté, ont comme point commun d’être tous autoentrepreneurs. « Leur profil est assez varié, mais notre modèle attire plutôt des étudiants ou des apprentis qui cherchent à trouver un job à côté de leurs études », explique Antoine Duthoit. Tous conservent la totalité du prix des courses effectuées, exception faite d’un loyer de 5 € par jour : « une manière de les responsabiliser en les incitant à respecter leurs engagements en termes de planning », insiste le fondateur de Happymoov avant de pointer l’importance du sens de l’échange : « un pilote souriant et disponible aura toujours plus de chances de séduire des clients et d’obtenir un pourboire que celui qui se contente d’attendre les clients sans faire l’effort d’aller vers eux. Il faut un peu de tchatche ! ». Variable, l’activité peut rapporter de 40 à 170 € par jour à un rider.

En 2017, l’entreprise ne compte pas freiner. L’application qui devrait voir le jour fin février ou début mars viendra compléter le système actuel, où la réservation se fait par téléphone. Surtout, Antoine Duthoit compte bien sur l’appli pour proposer un service de transport urbain… gratuit. Là encore, rien de magique mais la simple adaptation d’un modèle déjà bien connu des consommateurs et qui rappelle l’offre de Spotify. S’ils acceptent de recevoir des messages publicitaires, les passagers recevront des codes par SMS qui leur ouvriront l’accès à un trajet gratuit. Quant à ceux que la publicité rebute, ils pourront continuer de régler leurs courses comme aujourd’hui. Modulable et pratique, là encore…

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