Réduire les coûts, fabriquer sur place, réduire les obstacles : l’impression 3D est un nouvel outil de conception et de production incontournable de la troisième révolution industrielle. Et notre région l’a bien compris. Premier volet d’un dossier dédié à l’impression 3D.
L’impression 3D, une idée neuve ? L’outil a déjà une trentaine d’années : les premières machines à prototypages datent des années 1980. La grande nouveauté des dernières années, c’est la tendance à la démocratisation de l’impression 3D, marquée par la hausse des ventes de « petites » machines aux particuliers. Au-delà du phénomène – que certains comparent à la généralisation des imprimantes papier chez les particuliers – la « fabrication additive » est un atout majeur de la troisième révolution industrielle en cours. Même Barack Obama en a fait l’éloge !
Dans les Hauts-de-France, David Ferron – l’un des animateurs du Club Impression 3D créé voici deux ans par la CCI de région Nord de France – constate qu’un nombre croissant d’entreprises s’intéressent à cette technique qui permet de limiter le stockage et de fournir des pièces personnalisées au gré des besoins. Mieux : elle produit peu de déchets et permet une relocalisation des productions. « Les possibilités sont quasi illimitées« , souligne-t-il. Et d’ajouter que : « nous sommes plutôt en avance dans la région, en nombre de compétences disponibles ».
De fait, le train de l’impression 3D a été pris assez tôt. Toujours à la recherche de solutions innovantes pour redynamiser l’industrie régionale, les entrepreneurs n’ont pas tardé à saisir ses avantages. « L’écosystème est riche » poursuit David Ferron ; « beaucoup d’entreprises sont impliquées, les écoles aussi, notamment les écoles d’ingénieurs« , en citant l’école Centrale, le groupe HEI-ISA-ISEN, Polytech ou le campus des Arts et Métiers de Lille. C’est au demeurant cette école qui a créé la première formation dédiée à l’impression 3D.
L'impression 3D, kézako ?
L’impression 3D, ou « impression tridimensionnelle », est processus de « fabrication additive » : couche par couche (au contraire de l’usinage, qui procède par retrait de matière). À partir d’un fichier numérique, la machine, avec un matériau comme du plastique, du métal ou encore de la céramique, fabrique une pièce. Au départ utilisée principalement pour la fabrication de prototypes, l’impression 3D permet aujourd’hui la production de pièces fonctionnelles. L’industrie, pour des pièces complexes, la médecine pour des prothèses ou encore l’aéronautique ou l’aérospatial se sont emparés de la fabrication additive.
En avance, les Hauts-de-France ? Christiane Suret, fondatrice de l’entreprise Perspectives à Arras, spécialisée dans l’impression 3D pour le prototypage, la modélisation, le modelage, la formation et la vente de machines, nuance : « Nous ne sommes pas encore leader, mais on commence à avoir des industries qui ont compris les enjeux de l’impression 3D« , souligne-t-elle. Si du côté du grand public, l’impression 3D a trouvé ses marques, c’est du côté de l’industrie qu’il y aurait encore « beaucoup de marges de manœuvre« . « Le discours médiatique ne s’est pas tourné vers le secteur industriel », note-t-elle, « mais plutôt vers les geeks et au-delà, les particuliers. Or, la vraie mesure, c’est l’industrie ; on doit continuer à informer, expliquer les avantages, à quoi ça sert ». Pour proposer de nouvelles solutions plus adaptées aux besoins, Perspectives a créé un GIE (Groupement d’intérêt économique) en septembre 2015 avec l’entreprise Elanplast spécialisée de son côté en pièces plastiques fraisées. Christiane Suret compte sur des relais d’information comme le Club Impression 3D pour propager la bonne nouvelle.
Celui-ci réunit une large part des acteurs régionaux de la 3D. Son annuaire permet de découvrir la myriade d’entreprises concernées et le Club est en train de réaliser une cartographie complète et interactive de la région. « On répertorie désormais 75 compétences différentes parmi nos 400 adhérents, précise David Ferron. C’est un sujet très transversal« .
Et c’est le moins qu’on puisse dire. En témoigne Aoyama Optical, qui a relocalisé une partie de sa production de lunettes imaginées à Villeneuve d’Ascq et fabriquées en Belgique, par exemple. Ou encore Texilis, à Coudekerque-Branche, qui a développé des composites à base de graines de lin. À Saint-Omer, 3D Metal Print se positionne en tant que spécialiste de la fabrication additive métallique… Pour David Ferron, la Belgique, très en pointe sur l’impression 3D, influence positivement la région. Nos voisins sont très en avance, notamment grâce au Sirris, le centre collectif de l’industrie technologique, qui possède la plate-forme technologique d’impression 3D la plus grande d’Europe.
La suite ? Sur la foi de ces promesses et de ces premiers succès spectaculaires, il y a fort à parier que d’autres industriels prendront la pleine mesure des avantages de l’impression tridimensionnelle et l’intégreront à leurs process.
Un club qui fait bonne impression
Le Club Impression 3D, piloté par la CCI de région Nord de France a été fondé il y a deux ans. Unique en son genre en France, il comptabilise près de 400 adhérents et 75 compétences. Il s’est fixé plusieurs missions :
– Informer et accompagner les entreprises pour leur permettre de prendre ce nouveau virage technologique
– Fédérer les entreprises en y associant les acteurs du secteur et les initiatives régionales
– Promouvoir l’écosystème régional de l’impression 3D et développer les partenariats en région et hors région.
Plusieurs outils pour mettre en relation ses membres et les faire connaître ont été mis en place ou sont en cours de création, comme une cartographie régionale des entreprises spécialisées ou utilisant la fabrication additive, et un annuaire. Le Club organise régulièrement des conférences, des ateliers ou encore des visites de centres de recherches ou de sites industriels.
