Ecomairie fait passer les encombrants à l’ère du numérique

Meubles en trop, pots de peinture, vélos trop petits… Avec la rentrée, les encombrants se multiplient et n’ont jamais aussi bien porté leur nom. A Dunkerque et dans les villes alentours, la communauté urbaine propose un nouveau service malin et écolo : un « vide-grenier numérique » qui permet à chacun de vendre, de louer ou de donner des objets dont ils n’ont plus l’utilité, plutôt que de les jeter. 

eco-mairie
copyright: Jean-Christophe Piot

26 millions de tonnes par an tout de même : c’est au bas mot le volume des produits extra-ménagers qui terminent chaque année dans les déchetteries de France et de Navarre. Un chiffre considérable qui pourrait pourtant être drastiquement réduit puisque dans la plupart des cas, les objets déposés sont en très bon état ou ne demandent qu’à connaître une nouvelle vie.

Pour encourager ce mouvement tout en soulageant les déchetteries, la Communauté urbaine de Dunkerque (CUD) a lancé en juillet 2015 Ecomairie, un outil numérique de gestion des encombrants original. Sorte de vide-grenier virtuel, le site permet à des habitants de vendre, de donner ou d’acheter les produits qui encombrent leurs caves ou leurs greniers en se basant sur un principe de géolocalisation. Au lieu d’être classés par date, les objets sont présentés en fonction de la distance qui sépare l’annonceur de celui qui recherche tel ou tel produit. D’une simplicité biblique, Ecomairie ne demande qu’une adresse postale. Libre à chacun ensuite de déposer des annonces de prêt, de vente ou de don. Idéal pour se débarrasser des meubles d’une ancienne cuisine ou de matériaux inutilisés après un chantier, le site permet aux uns de gagner un peu d’argent, aux autres de trouver des produits intéressants à faible coût. Le tout en recréant du lien social et en évitant le gâchis…

Des collectivités séduites par une start-up

Derrière Ecomairie, on trouve deux entrepreneurs dunkerquois, Michaël Pouchelet et Laurent Marcant, fondateurs en 2013 de la société Touteco et du site ecobrico.fr, dédié à la revente de matériel de bricolage entre particuliers : restes de ciment, chutes de papier peint, planches, rab de peinture, quincaillerie… Basée sur l’hyper proximité de ces échanges entre voisins, la start-up a vite séduit les élus de différentes collectivités, à commencer par le maire de Grande Synthe Damien Carême et Sony Clinquart, vice-président de la Communauté urbaine en charge de l’économie sociale et solidaire. Tous connaissent bien les enjeux de la collecte des encombrants, un service dont le coût tourne autour de 210 000 euros dans une ville comme Grande Synthe – pour le seul ramassage…

Au-delà du rapprochement entre voisins qu’il favorise, l’objectif d’Ecomairie n’est donc pas neutre : réduire en amont le volume des encombrants qui finissent dans les déchetteries grâce à la diffusion de petites annonces. Au passage, la gamme des produits proposés par la jeune start-up a été élargie pour répondre aux objectifs des collectivités. Au-delà des produits de bricolage, la plate-forme permet de vendre ou de donner de l’ameublement, des jouets, des vêtements, des appareils d’électro-ménager, des produits multimédias… Le tout, conçu autour d’une maquette qui rappelle celle des sites de petites annonces traditionnels, est accessible par le site web, développé pour être indifféremment consultable depuis un PC, une tablette ou un smartphone. En tout, près de 2000 annonces en moyenne – toutes modérées « à la main » par des opérateurs spécialisés – sont consultables. Et si le site repose repose sur la géolocalisation, pas d’inquiétude en termes de données personnelles : l’adresse exacte des particuliers n’apparaît pas et libre à eux de choisir d’être contactés par email ou par téléphone.

Un modèle qui séduit

D’abord testé sur Grande-Synthe puis étendu aux 220 000 habitants de la CUD, Ecomairie est la première plateforme collaborative de ce type testée en France – ce qui n’a rien d’un hasard, compte tenu de l’engagement du Dunkerquois en matière de développement durable. Entièrement gratuit pour les habitants, le service est facturé 6 000 euros par an à la CUD mais ne coûte rien aux communes de son territoire.
Outil innovant et démarche exemplaire issue d’un partenariat public-privé, utile aux habitants comme aux territoires, l’initiative dunkerquoise séduit au-delà des Hauts-de-France : les équipes de Touteco sont sollicitées en France et à l’étranger pour expliquer le fonctionnement de la plate-forme à une centaine d’autres collectivités de toutes tailles, séduites par le concept : Paris, Nevers, le Grand Lyon, Toulouse…

Le concept en un schéma

copyright: Touteco
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