Avec ses hautes tours, impossible de rater le quartier du Nouveau Mons, même de loin. Située au cœur du tissu urbain de la métropole lilloise, cette ZUP avait pourtant bien besoin d’un coup de jeune. Pari tenu et bien tenu au gré d’une rénovation urbaine vertueuse, intelligente et concertée.
Des tours et des barres d’immeubles caractéristiques des années 60 et 70, des espaces publics vieillissants, une population très dense… Marqués architecturalement, les cent hectares du quartier du Nouveau Mons souffraient d’une image négative d’autant plus regrettable que cette zone peuplée de 12 000 habitants – plus de la moitié de la population de la ville – est dotée de solides atouts, à commencer par la bonne qualité des accès et des transports en commun ou la présence de vastes espaces verts.
Genèse d’un projet d’écoquartier
Le projet de rénovation urbaine s’est logiquement construit autour de la volonté de renverser ces symboliques et de transformer les particularités de son patrimoine en atouts. Élus et décideurs ont très tôt souhaité aborder la rénovation urbaine dans une perspective vertueuse sur le plan environnemental et énergétique. Une démarche globale qui supposait de repenser l’habitat, l’économie, les transports…
L’élan né du Grenelle de l’environnement a permis d’affiner un projet qui a su tirer profit de ses points forts : intégré dans le dispositif ANRU, il a été distingué pour son approche écologique globale en 2011 à l’occasion du concours national Écoquartier, aux côtés d’un autre projet emblématique pour la région : la zone de l’Union située à la limite de Roubaix, Tourcoing et Wasquehal.
La Ville a concerté sa population très en amont du projet, afin d’intégrer les habitants dans une démarche de réflexion collective. Élus et habitants ont échangé sur les priorités urbaines à l’occasion d’un forum participatif qui a permis d’affiner les orientations du projet sur la base des observations venues du terrain. Le projet de rénovation en tant que tel a fait l’objet de nombreuses communications : visites de chantier, permanences tenues dans une maison du projet…
L’aménagement paysager et écologique au cœur du projet
La reconfiguration des espaces publics s’est largement appuyée sur les aménagements paysagers. La rénovation du Nouveau Mons s’est construite autour de deux axes perpendiculaires. L’orientation est-ouest, plus marquée par le minéral, offre une large esplanade aux piétons. À la rencontre des deux artères, la place de l’Europe est désormais pavée de grandes dalles de béton. Sa partie nord permet l’accès aux transports collectifs, doux et collaboratifs : métro, V’lille, auto partage… De son côté, la partie sud de la place accueille le marché et les manifestations culturelles, festives et commerciales.
L’orientation nord-sud, concentrée sur le végétal, voit se succéder des bassins qui suivent la pente naturelle de l’avenue et arrosent les arbres et les végétaux choisis pour offrir un fleurissement tout au long de l’année. Pour chaque arbre abattu, deux autres ont été replantés. Au-delà de son apport paysager, la fonction écologique des espaces plantés a été développée, notamment avec à la création de noues, ces fossés végétalisés qui permettent une meilleure évacuation des eaux pluviales. Et améliorent la biodiversité… Agréable, vert et utile !
Habitat rénové, espaces publics repensés
Sur le plan urbanistique, l’installation de nouveaux équipements publics, le réaménagement des grands axes, l’extension du réseau de chaleur– la moitié du chauffage urbain fonctionne au bois – et la création de jardins familiaux a changé le visage de tout le quartier tout en renouant les liens avec le Vieux Mons. Sur le plan de l’habitat et de la mixité sociale, le projet a permis la réhabilitation de 990 logements et la démolition de 393 autres, compensés par la construction de 330 nouveaux appartements dont 55 % relèvent du secteur social, en locatif comme en accession en occupant des espaces en friche. L’utilisation des énergies renouvelables est au cœur du dispositif : 50 % des logements neufs sont ainsi équipés de capteurs solaires et des membranes photovoltaïques sont installées sur une partie des équipements publics. Un projet de longue haleine, qui a changé le visage de la ville… Et son image.
Crédit photo : Empreintes