Vous êtes du genre à faire mourir vos cactus de sécheresse? Inutile de vous résigner aux plantes en plastique : Groww est faite pour vous. Conseils, rappels, suggestions, astuces… L’application lilloise, développée au sein d’Euratechnologies, se fait fort de vous initier aux gestes du jardinage, du balcon au jardin en passant par le salon. Simple, agile et pratique.
Depuis que Voltaire a conseillé à chacun, à la fin de son Candide, de cultiver son jardin, beaucoup l’ont pris au mot. A en croire le ministère de l’Écologie, 17 millions de Français pratiquent le jardinage sous une forme ou sous une autre et plus d’un tiers d’entre eux ont acheté une plante aromatique ou potagère en 2015. En ville ou à la campagne, sur les balcons ou dans leur jardin, en intérieur… Ou dans des parcelles partagées : la France en compte 150 000, preuve supplémentaire, les plantes ont le vent en poupe et le jardinage est toujours un facteur puissant de lien social.
Reste un constat : tout le monde n’a pas les pouces verts – que le premier qui n’a pas tué un ficus en trois jours lève la main… C’est précisément de ce constat qu’est parti Benoît Gryspeerdt : en s’installant à Wasquehal, l’ancien parisien quitte les contraintes d’un petit appartement pour découvrir les joies du jardinage. Pris d’une envie de verdure avec sa compagne, il se décide aussitôt à acheter quelques plantes – et échoue lamentablement : « en trois mois, tout était brûlé », s’amuse-t-il. Le tout malgré les informations glanées sur des sites ou des forums spécialisés…
Pas découragé pour un sou, Benoît Gryspeerdt imagine alors une application conçue pour renverser la logique. L’idée ? Au lieu de laisser au jardinier amateur le soin de partir à la pêche aux infos dans le maquis du web ou des médias spécialisés, concevoir un assistant numérique capable d’aider chacun à entretenir son petit univers. Fini les oublis ou les doutes : mine d’astuces et de conseils, l’appli se charge d’envoyer les rappels nécessaires en temps et en heure. Groww est née… Du moins l’idée.
Planter une laitue, mode d’emploi
Reste à la faire pousser. Pour ça, Benoît Gryspeerdt s’associe avec Thibaut Martini, horticulteur et diplômé de l’école de paysage de Versailles. D’abord développée au sein d’Euratechnologies par les deux entrepreneurs, l’application, esthétiquement épurée et particulièrement facile à prendre en main, s’appuie aujourd’hui sur une base de données de 500 plantes et de 3000 variétés. Une fois l’appli installée – elle est disponible sur l’Apple Store et sur Android – il suffit pour se lancer de choisir dans ce vaste annuaire les plantes et les arbres déjà en place ou qu’on souhaite planter.
Après avoir demandé quelques détails (plantes de pleine terre, en pot, en extérieur, en intérieur…), Groww fonctionne comme un véritable assistant. Chaque fiche détaille les caractéristiques de chaque plante : qualité, défauts, conditions idéales de cultures, saisons idéales pour la taille, l’entretien, l’arrosage, les récoltes… Qu’il s’agisse de protéger ses arbres fruitiers du gel ou de cultiver des plantes aromatiques, l’utilisateur reçoit une série de notifications et de conseils clairs, pensés et rédigés pour être accessibles à des non-jardiniers.
L’idée serait de pouvoir identifier la végétation présente chez soi depuis son smartphone, en quelques minutes
Gratuite et appréciée pour sa facilité de prise en main, Groww réunit aujourd’hui 13 000 utilisateurs, un chiffre qui grimpe d’autant plus facilement qu’aucune création de compte n’est nécessaire, même si elle est possible pour ceux qui souhaitent ainsi sécuriser leurs données et leur historique.
Côté développement, l’équipe – trois salariés et un stagiaire – travaille avec l’aide du CEA à de nouvelles fonctionnalités comme l’identification des plantes d’un jardin par l’image. « L’idée serait de pouvoir identifier la végétation présente chez soi depuis son smartphone, en quelques minutes ». Une sorte de Shazaam du jardinage qui rappelle PlantNet, l’initiative développée par l’INRIA, avec quelques différences notables : « l’INRIA se situe au niveau planétaire ; nous voudrions plutôt nous concentrer sur un nombre plus restreint de références. Avec 10 000 variétés, nous pourrions identifier la quasi intégralité des plantes présentes dans les jardins français ».
Quel business model ?
L’application peut-elle rester gratuite ? C’est en tout cas le souhait de ses fondateurs, installés depuis bientôt un an à la Condition Publique, à Roubaix. « Je ne crois pas au modèle payant » explique Benoît Gryspeerdt qui juge délicat d’installer un modèle payant dans un univers accoutumé au gratuit – les difficultés que rencontre le secteur de l’édition et des médias spécialisés dans le jardinage n’étant pas pour le rassurer.
S’il n’exclut pas à terme ni une version Premium de son appli, ni un financement par la publicité (« à condition qu’elle soit réellement ciblée, donc utile »), le jeune chef d’entreprise privilégie plutôt un autre business model. « L’idée serait de s’associer avec des pépiniéristes pour proposer une offre de vente de plantes à distance plus performante que ce qui existe aujourd’hui ». En effet, avec à peine 1,5 % des ventes réalisées en ligne le secteur du jardinage se situe loin derrière d’autres secteurs comme l’informatique ou l’ameublement, où la part des ventes en lignes oscille entre 10 à 20 % du marché global. La faute à des produits vivants, que les consommateurs rechigneraient à acheter sans toucher ? Pas vraiment : « La vente par correspondance traditionnelle de plantes a longtemps été un succès », pointe le jeune dirigeant. « Le problème tient plutôt au fait que les sites existants sont tournés vers un public spécialisé, avec des catalogues particulièrement riches – trop pour attirer une nouvelle clientèle qui cherche des solutions plus accessibles ». Groww propose déjà une boutique et des kits de graines prêtes à planter – une façon de tester différents modèles pour trouver le meilleur réglage.
D’où l’idée de faire évoluer Groww vers un autre modèle, pour attirer les jeunes urbains qui n’ont pas toujours beaucoup de temps à consacrer à leurs jardins mais veulent pourtant se créer leur petit univers végétal. L’appli deviendrait alors une sorte de service après-vente, destinée à faciliter l’entretien sur la durée de la plante achetée par ses utilisateurs. Malin, vert et bon pour la biodiversité !