De plus en plus exploité dans l’industrie, le lin a le vent en poupe. Seul ou combiné à d’autres matériaux, ses propriétés naturelles intéressent de plus en plus d’entrepreneurs comme Nicolas Malaquin. Flaxcomposites, sa jeune entreprise, parie sur l’extension de l’usage du lin dans les produits industriels.
Le lin, il connaît : les années passées chez Safilin, une filature de Sailly-sur-la-Lys ont permis à Nicolas Malaquin de bien connaître les qualités du lin, une fibre dont la production locale est à 70 % concentrée entre la Normandie et les Haut-de-France. Deux fois plus légère que la fibre de verre tirée du pétrole, la fibre de lin absorbe les vibrations. Résistante, esthétique, elle est aussi écologique : cultivé en cent jour, le lin ne nécessite aucune irrigation et peu d’intrants. Mieux : en fin de vie, rien ne se jette et tout se recycle, jusqu’aux résidus de la plante.
Autant de spécificités qui ne sont pas étrangères à la création de Flaxcomposites, la start-up créée par Nicolas Malaquin et abritée jusqu’au printemps dernier par Innotex, un incubateur rattaché au CETI (Centre européen des textiles innovants) et dédié aux projets textiles innovants. « La dimension écoresponsable est au cœur de mon projet : pouvoir m’appuyer sur la production locale en est l’un des aspects » explique le trentenaire dont le modèle économique repose sur une approche responsable de A à Z et sur l’utilisation combinée de lin, de liège recyclé et de résines, principalement biosourcées.
A Roubaix, ce fils d’agriculteurs a mis au point un nouveau matériau : l’Innolin, qui lui permet de produire des panneaux biocomposites en bouchons de liège recyclés, encollés d’une toile de lin et destinés à la décoration et à l’aménagement intérieur. Léger, rigide, écologique et recyclable, le produit imaginé par le jeune entrepreneur joue également un rôle d’isolant thermique et acoustique. Couleur, motifs, toucher… Le lin qui le recouvre peut être utilisé de manière variée pour ajouter au produit des qualités esthétiques. Mieux, les panneaux sont thermoformables, permettant de créer des formes en volumes qui plus est modifiables : les composites thermoplastiques permettent une refonte et un remodelage qui peut offrir une nouvelle vie au produit. Le tout dans de simples moules en bois, moins onéreux que les modèles en aluminium.
A la clé, des débouchés dans le secteur de l’ameublement, du design et de l’aménagement d’espaces intérieurs : intérieurs de caravanes, tables basses ou guéridons, lampes, panneaux destinés à habiller les parois de bateau ou chaque gramme compte…
Flaxcomposites sera d’ailleurs présente sur le plus grand salon mondial du matériel nautique à Amsterdam, en novembre, après avoir participé à un show room parisien du 22 au 28 septembre, avenue de Breteuil.
Pour creuser ces pistes multiples, Nicolas Malaquin a récemment conclu une série de partenariats avec une demi-douzaine d’écoles de design de Paris et de la région dont l’école Boullé, les Compagnons du devoir, l’ESAAT de Roubaix ou l’ISD Rubika de Valenciennes. L’idée : permettre à leurs élèves de recevoir des lots de panneau Innolin pour des projets de design travaillés à partir d’un matériau écologique, noble et innovant.
Pour financer l’opération, le jeune entrepreneur a eu recours à une plateforme lilloise de crowdfunding destinée aux projets écologiques, mymoneyhelp.com : jusqu’à la fin du mois, les contributeurs peuvent aider à financer l’achat de plaques destinées aux jeunes designers qui plancheront sur de nouvelles déclinaisons. 67 contributeurs ont déjà été séduits ; l’objectif initial de rassembler 2000 euros étant largement dépassé, Nicolas Malaquin s’est fixé un nouveau défi : franchir la barre des 5 000 euros avant la fin du mois de septembre. Tentant, non ?