Rev3 Energy Day – Arras – 21 nov 2019. Photo : Mission rev3
Après la bioéconomie à Amiens en juin dernier, les énergies de demain étaient à l’honneur de la seconde manifestation scientifique du réseau unirev3
220 personnes étaient rassemblées à l’Université d’Artois à Arras, ce 21 novembre, dans le cadre du Rev3 Energy Day, la journée scientifique dédiée aux enjeux énergétiques de la 3ème révolution industrielle. Cette manifestation était organisée, dans le cadre des Rencontres Régionales de la Recherche et de l’Innovation, par le Pôlénergie et MEDEE, en partenariat avec l’Université d’Artois et sous l’égide d’unirev3, le réseau des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche, au cœur de la Troisième Révolution Industrielle en Hauts-de-France.
Entreprises et communauté scientifique régionale ont pu échanger autour des travaux de recherche, menés actuellement en région, pour bâtir les énergies de demain.
L’Université d’Artois compte 250 chercheurs répartis en 4 pôles : « Intelligence Artificielle », « Patrimoine, territoires et culture », « Recomposition du lien social » et « Eco-efficacité énergétique ». Ce dernier pôle mobilise, globalement sur les questions de l’habitat, de la logistique et des systèmes électriques, une centaine de chercheurs et 5 laboratoires : LGCgE, LSEE, LGI2A, UCCS et l’Institut Charles Viollette.
Retrouvez ici de plus amples informations sur les domaines et compétences de recherche de l’Université d’Artois : http://www.univ-artois.fr/la-recherche/les-domaines-dinteret-majeur-dim
9 projets régionaux de recherche énergétiques en Pitchs
Au cours de la journée, les participants ont pu découvrir les projets de recherche énergétique de neuf laboratoires régionaux et échanger avec les équipes de recherche de la Faculté des Sciences Appliquées de Béthune, du L2EP de Lille 1, de l’IMT Lille Douai, d’HEI – Lille, de l’ENSAM, de LMCPA de Maubeuge et de l’ENSAIT à Roubaix.
Retrouvez les 9 vidéos qui présentent ces travaux de recherche sur http://rev3-energie.fr/showroom/
Corinne Gendron de l’Université du Québec à Montréal – UQAM, Sociologue et Présidente du Conseil SCI de l’INERIS et Mohamed Benhaddadi, Professeur au CEGEP du Vieux Montréal et chercheur associé au CIRODD – Centre interdisciplinaire de recherche en opérationnalisation du développement durable – étaient les grands témoins de cette journée. Ils ont porté un regard international sur les enjeux de la recherche et de la transition énergétique.
Corinne Gendron – Rev3 Energy Day – Arras – 21 nov 2019. Photo : Mission rev3
Corinne Gendron, en tant que sociologue, étudie le processus de transition énergétique notamment en France et au Québec. Ses constats…
Changer de modèle pour réussir la transition énergétique, la gouvernance en ligne de mire.
Enclencher la transition à partir du système actuel bâti sur un modèle socio-économique qui fait la part belle à la production et la consommation n’est pas chose aisée. Malgré les ambitions affichées, la transition implique d’agir sur l’ensemble des composantes du système, de susciter de profonds changements de comportements et de redéfinir les besoins et les services.
En France, avec la Loi de Transition Energétique pour une Croissance Verte, le Gouvernement entend décentraliser la transition énergétique et agir à la fois sur le développement des énergies renouvelables et les économies d’énergie. Or sur le terrain, bien souvent les questions d’économie d’énergie sont mises de côté. Les Régions deviennent un acteur central sans pouvoir mobiliser les compétences et les moyens adéquats pour favoriser cette double transition.
« Not in my backyard », ou la transition se fera par le citoyen !
L’autre enjeu de la transition énergétique est l’appropriation citoyenne des nouveaux modèles, des nouvelles énergies et technologies. Un investissement important doit être engagé dans les dispositifs participatifs pour informer, sensibiliser, associer les populations et co-construire les projets de transition énergétique, dans la durée. Aujourd’hui malheureusement, les dispositifs de concertation ne sont pas suffisamment performants. Les habitants en restent bien souvent à des attitudes de rejet (syndrome NIMBY : « Not in my backyard » autrement dit : « pas de ça chez moi »).
Quel rôle pour les entreprises dans ce processus de transition ?
L’entreprise n’est plus uniquement un organe de production, elle devient un acteur social. Depuis, le discours de Kofi Annan à l’ONU dans le cadre des Accords de Rio, l’entreprise doit participer à la résolution des grands problèmes sociétaux. Sa responsabilité est reconnue en termes d’impact sur l’environnement, sur le développement communautaire, la justice économique et le progrès social. Elle doit penser son développement en intégrant de nouveaux enjeux de conservation et de préservation.
Quelle place pour la R&D dans la transition ?
La communauté scientifique, au-delà de l’innovation technologique, a un rôle à jouer en termes d’analyse des freins économiques et sociétaux et en termes de gestion des organisations.
Mohamed Benhaddadi – Rev3 Energy Day – Arras – 21 nov 2019. Photo : Pôlénergie
« Bien qu’il y ait plusieurs scénarios énergétiques… il n’y a qu’un seul scénario climatique ! »
Mohamed Benhaddadi a débuté son intervention par cette phrase riche de sens. Il a ensuite centré son intervention sur les différents scénarios énergétiques mondiaux, particulièrement tributaires des enjeux économiques des grandes puissances mondiales et des mouvements géostratégiques.
Chiffres à l’appui, ses premiers constats concernant la transition énergétique mondiale, entre 1973 et 2018, sont les suivants. L’énergie dans le monde est encore thermique à 82 %. Malgré une baisse de l’emploi du pétrole, celui du charbon et du gaz augmente. Sur cette période et à l’échelle de la planète, nous avons aussi doublé nos besoins énergétiques !
En termes de consommation d’énergie un Nord-Américain consomme deux fois plus qu’un Européen, un Chinois beaucoup plus également qu’un Européen et 6 fois plus qu’un Indien.
Les plus gros émetteurs de CO2 dans le monde sont les Etats-Unis, la Chine et l’Inde.
Malgré une augmentation de sources renouvelables d’énergie électrique, dans le monde, comme le solaire et l’éolien (part de 9 % contre 0,6 % en 1973) et une baisse drastique de l’emploi du pétrole (3 % en 2018 contre 24,8 % en 1973), l’utilisation du charbon reste très élevée, bien trop élevée.
Source : présentation de Mohamed BENHADDADI – Rev3 Energy Day – Arras – 21 nov 2019
A noter aussi que l’utilisation du pétrole (notamment le pétrole de schiste) reste importante aux Etats-Unis (croissance exponentielle sur cette période).
Concernant le charbon, les principaux consommateurs sont, en premier lieu, les Etats-Unis suivis de la Chine et de l’Inde. Son utilisation est en forte progression en Chine et l’Inde est qualifiée de nouvelle Chine… Nous comptons environ 5 000 centrales à charbon en activité dans le monde. La consommation de charbon est donc un problème majeur et sa baisse « LE » véritable enjeu de transition énergétique mondiale dans les décennies à venir.
Scénario 450 ppm
Pour le GIEC, une augmentation de température supérieure à 2°C pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour la planète. Le scénario 450 ppm est basé sur un modèle tel que la concentration des GES ne dépasse pas 450 ppm de molécules de C02éq devant les molécules d’air sec. Par ailleurs, les émissions de GES doivent culminer à 32 Gt CO2éq avant 2020 pour ensuite baisser, à horizon 2040, à 18 Gt C02éq. Les mesures d’efficacité énergétique comptent pour moitié dans la réduction escomptée.
L’efficacité électrique ne concerne pas uniquement la performance des moteurs, c’est le système électrique dans sa globalité qui doit être plus efficient.
Ainsi, pour limiter à 2°C le réchauffement climatique dans le monde, il nous faut globalement passer à 50 % d’énergies renouvelable avant 2050 et multiplier par deux l’efficacité énergétique.
Malheureusement, bien que la transition soit enclenchée, la cadence nécessaire n’est pas atteinte.
La Chine sera incontournable dans la poursuite de la transition… Elle dispose de toutes les technologies nucléaires et détient 70 % des terres rares dans le monde. Celles-ci sont essentielles pour développer la mobilité électrique et les moteurs à haut rendement.
Pour garder une place dans le leadership, l’Europe devra miser sur les innovations et être précurseur sur le plan technologique et ainsi rester compétitive par rapport aux produits chinois.
Dans les années à venir, le paysage des sources énergétiques va complétement se modifier. La mobilité électrique devrait booster la demande.
Dans 10 ans, la bulle du pétrole de schiste devrait éclater. Le besoin en pétrole deviendra faible en 2040. Le solaire dépassera l’éolien, l’hydraulique et le charbon.
La SATT Nord (Société d’Accélération du Transfert de Technologies) lance un AMI pour l’émergence de projets d’innovation énergétique.
La SATT Nord, signataire du protocole d’accord unirev3, lance avec ses partenaires un appel à manifestation d’intérêt sur la thématique de l’énergie, visant à l’émergence de projets d’innovation.
Il est à destination des porteurs de projets de recherche appliquée à visée de transfert vers les entreprises et nécessitant un investissement. Performance, sobriété, technologies bas carbones ou encore autonomie énergétique : si les porteurs de projets disposent de pistes scientifiques permettant d’améliorer la prise en compte de tout ou partie de ces quatre critères, cet AMI peut leur permettre de bénéficier d’investissements SATT NORD pour concrétiser le projet.
Plus d’informations sur l’AMI SATT Nord, ici
Les lauréats du concours « Energie – rev3 » – Rev3 Energy Day – Arras – 21 nov 2019. Photo : Mission rev3
Ce deuxième événement scientifique d’unirev3 s’est terminé par une mise en lumière de travaux menés par de jeunes thésards sur les nouveaux modèles énergétiques.
19 thèses en poster et 6 doctorants lauréats du concours « Energie- rev3 »
En effet, ce sont les travaux de recherche énergétique de 19 thésards qui ont été mis à l’honneur dans le cadre de ce Rev3 Energy Day, sous forme de posters. Six de ces thésards ont été sélectionnés par un jury composés notamment d’entreprises (EDF, Dalkia, RTE, GAZONOR), pour présenter, en 180 secondes, leur projet en séance :
– Soufyane Benzaouia et son projet d’optimisation d’un système de pompage d’eau par éolienne à vitesse variable (Laboratoire MIS de l’UPJV d’Amiens) ;
– Aurore Laurent et sa modélisation géologique 3D du bassin houiller du Nord – Pas de Calais et de son substratum dévonien-carbonifère (Laboratoire d’Océanologie de de Géosciences, à l’Université de Lille) ;
– Alexis Maurel et l’impression 3D de batteries lithium-ion (Laboratoire de réactivité et chimie des solides – laboratoire des technologies innovantes de l’UPJV) ;
– François Balavoine sur la réhabilitation et l’optimisation d’alternateurs de forte puissance d’une ancienne génération (Laboratoire Systèmes Electrotechniques et Environnement de Béthune) ;
– Matthieu Stephant et le développement de solutions pour la mutualisation énergétique entre bâtiments (L2EP à l’Université Catholique de Lille).
Après le vote du public, le 1er prix a été attribué à Adèle Sébert, doctorante du CLERSE de l’Université de Lille, pour ses travaux sur la qualification de la vulnérabilité énergétique des ménages en Hauts-de-France.
1er prix du concours « Energie – rev3 » Madame Adèle Sébert – Rev3 Energy Day – Arras – 21 nov 2019.
Photo : Pôlénergie
Prenez date ! Le prochain événement scientifique d’unirev3 se tiendra à l’Ecole Centrale de Lille sur le campus de Villeneuve d’Ascq, le 28 janvier 2020 et sur le thème de « Intelligence artificielle ».
Pour en savoir plus sur unirev3 et son programme de manifestations scientifiques, contactez Bertrand Zuindeau, Mission rev3 : bertrand.zuindeau@hautsdefrance.fr