Hébergée au Village, l’incubateur de start-up installé par le Crédit Agricole Nord de France à Euratechnologie, la start-up Energic se fait fort de réduire les consommations d’énergies inutiles en jouant sur le jeu et les challenges communautaires. Autour de trois mots-clefs : plaisir, utilité et simplicité.
Croiser Quentin Oustelandt, c’est rencontrer un pragmatique. A 23 ans, le cofondateur d’Energic part d’un principe simple : en matière d’énergie, la première règle consiste à éviter le gâchis. « On parle beaucoup de photovoltaïque ou d’éolien, mais plus rarement de la façon dont on pourrait éviter de consommer de l’énergie pour rien en changeant nos comportements. Les réflexions sur l’énergie tournent aussi beaucoup autour des matériaux et des bâtiments, Energic se concentre sur les usages ». Frappé par la tendance de nos sociétés contemporaines à tout mesurer en temps réel, du rythme cardiaque des joggeurs à la qualité de notre sommeil, Quentin Oustelandt constate que l’énergie y échappe, privant ainsi les consommateurs – au travail ou chez eux – de leviers d’information et d’action nécessaires pour créer un déclic et adopter des pratiques vertueuses. Regrettable, d’autant qu’elles se révèlent vite sources d’économies non négligeables. Chez lui, le jeune entrepreneur a d’ailleurs calculé qu’il dépensait plus ou moins pour rien 47 centimes d’électricité chaque nuit – 170 euros environ par an tout de même…
De ce constat – gérer ses dépenses d’énergie à l’aveugle peut vite s’avérer fastidieux et bien peu gratifiant au quotidien – naît une idée : créer une solution de coaching énergétique, ludique pour séduire et communautaire pour jouer sur la compétition et le challenge entre les participants. Reste à trouver dans quel cadre, un choix vite arrêté pour cet ancien de Lille 1 qui a toujours voulu créer sa propre activité. « Comme beaucoup de jeunes de ma génération, je ne suis pas fasciné par l’idée d’un CDI », sourit le jeune entrepreneur : « je préfère l’idée de mener ma propre barque ». Le cliquet est franchi à l’occasion d’une rencontre avec Alexis Delepoulle, dirigeant de l’entreprise de génie électrique Pouchain, tout aussi passionné par les enjeux de la réduction des consommations d’énergie. Energic est né.
Energic est ludique, communautaire et innovant
Au cœur de la french tech
Ensemble, les deux hommes peaufinent le modèle, recrutent deux développeurs pour peaufiner leur solution et s’installent en avril dernier à Euratech, au cœur de la french tech version Hauts-de-France. Rejoints en septembre dernier par Tristan Reneaume, en charge du développement commercial, les trois cofondateurs multiplient les rencontres auprès de différent prospects intéressés par une solution destinée aux immeubles d’habitations ou à tout type de bâtiment professionnel tertiaire, du moment qu’ils accueillent un nombre suffisant de personnes pour permettre les challenges entre groupes. A chaque fois, le principe fondamental reste le même : offrir aux utilisateurs les moyens d’agir, grâce au suivi que permet l’outil et aux éco-gestes proposés, et leur proposer une forme de reconnaissance collective au travers des challenges mis en place. Tout en démystifiant le monde mystérieux de la consommation d’énergie…
Car tout fonctionne sur le principe de la gamification : « Energic est ludique, communautaire et innovant », insiste Quentin Oustelandt. Pour ses utilisateurs, Energic permet de suivre sa consommation (gaz, eau, électricité) en temps réel. L’application, déployée indifféremment pour Apple et Android, envoie également des notifications sur les tablettes ou les smartphones et propose une série de défis et d’objectifs à atteindre. Idéal pour favoriser l’organisation de défis ou de petits challenges dans une entreprise, ou entre les habitants d’un même immeuble. Truffé d’astuces et d’échanges (via une rubrique dédiée de l’appli, l’Agora), l’appli rend chacun responsable de sa propre consommation et fournit une foule de trucs et d’astuces simples qui sont autant d’éco-gestes à adopter dans son quotidien, au bureau ou chez soi. D’où l’intérêt du jeune dirigeant pour le public universitaire : « si nous arrivons à faire adopter des comportements plus économes à des jeunes d’une vingtaine d’années, ils les adopteront ensuite toute leur vie ». La start-up est d’ailleurs impliquée dans le programme Live Tree, déclinaison du projet Université Zéro Carbone de la Catho de Lille.
Défis et challenges
Comme souvent en matière de gamification, les leviers d’action et les « récompenses » à atteindre changent selon les profils des groupes de « joueurs », observe Quentin Oustelandt. « Les salariés d’une agence bancaire ou les étudiants d’une école de commerce auront d’autres attentes que les locataires d’un bailleur social ». Avec un point commun tout de même : le plaisir de participer collectivement à un objectif vertueux est en tous les cas un facteur de satisfaction qui contribue à changer les comportements de manière plus efficace qu’au travers de campagnes classiques, aux messages trop souvent culpabilisateurs.
Pour les entreprises, c’est aussi la perspective de réaliser des économies non négligeables, mais surtout de concrétiser les ambitions de leurs politique RSE sans s’engager dans des investissements démesurés. D’autant que l’offre d’Energic est simplissime : un forfait d’une centaine d’euros/mois ouvre à ses clients (bailleurs sociaux, universités, entreprises tertiaires… ) l’accès à une solution complète, du diagnostic des bureaux à l’outil de gestion en passant par l’installation des capteurs qui alimentent l’application.
Prochain objectif pour la start-up : une levée de fond, programmée pour septembre 2017 avec en tête l’objectif de réunir de 1 à 3 million d’euros. Une somme qui sera affectée au développement de la jeune start-up, en permettant de nouveaux recrutements (développeurs, commerciaux…) et en finançant l’effort de R&D nécessaire pour affiner leur solution. Un nouveau challenge…