Ouistock : quand le collaboratif fait un carton

C’est une loi universelle : quelle que soit la taille de votre logement, il finit par être trop petit… Et quand stocker ses affaires dans le garage votre grand-mère ne suffit plus, trouver une solution vire souvent au casse-tête, d’autant que les solutions traditionnelles de stockage se révèlent vite onéreuses. D’où le pari de Ouistock : s’appuyer sur les particuliers pour révolutionner le marché du garde-meubles. 

500.000 mètres cubes à louer dans plus de 2 000 villes françaises en deux ans : le moins qu’on puisse dire, c’est que Ouistock a vite trouvé son public. Lancée en 2014 par Neville Ricourt et Simon Ryckembusch, la plate-forme met en relation des particuliers qui cherchent pour les uns à stocker leurs affaires personnelles, pour les autres  à rentabiliser des espaces inoccupés dans leur logement ou ailleurs. Logique à l’heure du web collaboratif, cet AirBnB du garde-meubles s’est développé suffisamment vite pour opposer une sérieuse concurrence 2.0 aux principaux acteurs du self-stockage traditionnel, HomeBox ou Shurgard.

L’idée est née d’un problème pratique bien connu des étudiants : trouver quoi faire de leurs meubles et de leurs cartons lorsqu’on quitte son logement étudiant pour quelques mois : déménagement, stage, apprentissage, échange universitaire à l’étranger… Très exactement le cas de figure vécu par Neville Ricourt et Simon Ryckembusch – moins de trente ans tous les deux – au cours de leurs études à HEI, l’une des trois écoles d’ingénieurs lilloises du groupe Yncréa.

Hors de question pour les deux amis de faire appel aux professionnels du garde-meubles, inaccessibles aux budgets étudiants – ou de jeunes actifs d’ailleurs, souvent contraints de recourir au système D ou à la revente de leurs affaires sans pouvoir accéder à un marché professionnel du stockage évalué à 3 milliards d’euros en Europe. Un vrai problème à l’heure où la mobilité devient un enjeu majeur sur le marché de l’emploi surtout en début de carrière.

Succès rapide

D’où le pari des deux jeunes gens : exploiter les possibilités du web collaboratif pour imaginer une solution alternative, entre particuliers, sans avoir à investir dans des locaux de stockage. Une fois l’idée approfondie dans la filière entrepreneuriat proposée par HEI, les deux associés passent en 2013 par l’incubateur de l’Institut d’Entrepreneuriat de la Faculté Catholique de Lille avant d’intégrer Euratechnologies en 2014. Au cœur de l’économie numérique lilloise, les deux jeunes entrepreneurs obtiennent un premier prêt de la Région (25 000 euros) et nouent des contacts précieux avec différentes structures d’accompagnement.

ouistock2Rapidement, le projet se précise. Conscients de la nécessité de tisser une relation de confiance avec les utilisateurs, Neville et Simon conçoivent leur plate-forme comme une offre de service complète, qui dépasse la seule solution de stockage entre particuliers : le site se charge d’éditer les contrats, d’automatiser et de sécuriser les paiements et d’assurer les biens stockés, en lien avec Allianz.

Fluide, pratique, convivial… Le système convainc rapidement les utilisateurs: quelques mois seulement après son lancement, la plate-forme réunit déjà 40 000 utilisateurs et des dizaines d’internautes y trouvent chaque jour un espace pour abriter leurs affaires personnelles, à des prix défiant toute concurrence – jusqu’à 60 % de moins qu’auprès des professionnels du stockage. Organisateur de ce partenariat gagnant-gagnant, Ouistock trouve son modèle économique en prélevant 10 à 20 % du loyer fixé par les propriétaires.

Les financeurs suivent : un premier tour de table, en juin 2015, permet à la start-up de réunir 600 000 euros auprès de plusieurs partenaires. En mai dernier, Ouistock a levé 1,4 million supplémentaire dont quelques stars du monde collaboratif comme Francis Nappez, cofondateur de BlaBlaCar. De quoi financer les objectifs ambitieux de la pépite lilloise, qui ne se limitent pas au renforcement de sa position de leader français du stockage entre particuliers. Après avoir renforcé ses équipes, Ouistock a la ferme intention de s’attaquer au marché international, en commençant par les pays européens.

Ouistock en chiffres

15 salariés

50 000 visiteurs par mois

500 000 mètres cubes d’espaces à louer

4000 propriétaires référencés sur le site

1,4 million d’euros : le montant de la levée de fonds réalisée en mai 2016

35 millions d’euros : le chiffre d’affaires visé en 2020

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