Programmée en novembre dernier sur Arte, la mini-série « Les Îles du Futur » avait permis aux spectateurs de découvrir la manière dont les habitants de cinq îles d’Europe (Madère, El Hierro, les Orcades…) ont mené leur transition énergétique pour s’alimenter en énergie verte et renouvelable, sans pétrole, charbon, gaz ou énergie nucléaire. Monde numérique et gamification obligent, la série se prolonge depuis dans un jeu vidéo gratuit, made in Hauts-de-France.
Il n’y a pas que les blockbusters des grands studios dans la vie ! Alors que vient de sortir le dernier opus d’un des séries les plus réputées en matière de jeux de gestion, Civilization VI, rien ne vaut un petit détour du côté d’un casual game idéal, pour les adultes comme pour les petits pour peu qu’ils s’intéressent au développement durable et à l’écologie. Les plus jeunes apprendront tout en se formant aux bases des jeu de stratégie tandis que leurs parents devraient à coup sûr découvrir deux ou trois petites choses sur l’énergie solaire ou marémotrice…
Choix cornéliens
Dans la droite ligne des documentaires diffusée par la chaîne, le jeu est intimement lié aux réalisations concrètes décrites la série et y puise sa thématique, son contexte et ses exemples. Arte a voulu placer les spectateurs dans une position de décideurs en plaçant le destin d’une petite île virtuelle entre leurs mains. En ligne de mire, un objectif précis : parvenir à assurer l’indépendance énergétique de son petit territoire en s’appuyant sur ses ressources renouvelables. Et donc à remplacer progressivement ses infrastructures de production d’énergie classiques par d’autres, renouvelables. A chaque nouvelle avancée, les gains d’expérience débloquent de nouvelles pistes technologiques, permettent de construire ou d’améliorer les infrastructures, génèrent un budget supplémentaire, ouvrent une nouvelle voie de recherche…
Les Îles du Futur, un Sim City vert
Facile ? Pas vraiment dans la mesure où il n’existe aucune solution toute faite mais où s’adapter aux ressources de son territoire est une nécessité. Comme dans la vraie vie, le joueur doit constamment veiller à assurer une transition paisible, socialement et économiquement soutenable. Et donc à trouver un juste milieu entre le développement purement technique, la qualité de vie et le degré de satisfaction de sa population et… la maîtrise de son budget. Faut-il développer en priorité le centre d’incinération thermoélectrique ou l’usine de bio carburant ? Installer une éolienne, d’accord, mais où et à quel coût ? Utiliser l’énergie des vagues, du vent, du soleil, oui – mais comment, sans augmenter les impôts (pour avoir nous-mêmes testé, on vous déconseille l’expérience…) ou dégrader le cadre de vie des habitants… ? Le tout ne s’improvise pas et pousse à étudier attentivement le cadre et les conséquences de chaque nouvelle implantation, d’autant que toutes les données de production sont conformes à la réalité. Pas de triche possible…
D’où des choix parfois cornéliens pour des joueurs confrontés à des impératifs parfois contradictoires. A eux de se décider en faveur de telle ou telle piste de recherche, en prenant conscience de leurs atouts et de leurs défauts spécifiques, exposés par des spécialistes dans une quarantaine de vidéos d’une trentaine de secondes qui sont autant d’aide à la décision pour trancher entre panneaux solaires, parcs éoliens, panneaux photovoltaïques, géothermie, traitement des déchets… Le tout en profitant des opportunités typiques des jeux en ligne : l’une des façons de jouer permet de s’appuyer sur la communauté des joueurs et de coopérer pour se lancer dans des projets plus ambitieux, bâtis sur les avantages des uns et des autres.
Sensibiliser les plus jeunes
Réalisé en 3D et produit à Strasbourg par Arte et la société de production Seppia, les Îles du Futur a été développé à Lille à la Plaine Images par Vertical, un studio de création de jeux vidéo et d’applications ludiques spécialisé dans les jeux grands publics, essentiellement pour tablettes et smartphones. Réalisé en un an et pour un montant global de 220 000 euros, « Les Iles du Futur » a en partie été financé grâce au soutien d’une série de partenaires, dont les régions Alsace et ex-Nord Pas-de-Calais, l’Ademe ou l’Eurométropole. Dans le contexte de la COP21, tous cherchaient un support susceptible d’intéresser les plus jeunes à la problématique du changement climatique. Indispensable quand on sait que 80 % de l’énergie produite dans le monde est encore d’origine fossile…