Bonne nouvelle du côté des poulets et des lapins : la société arrageoise King Tree se donne comme objectif de remplacer les antibiotiques et les vaccins vétérinaires habituels par un produit innovant (et de saison…), extrait du châtaigner.
On l’appelle l’arbre roi : c’est ce surnom du châtaignier qui prête son identité à la société King Tree, fondée à Arras par cinq entrepreneurs nordistes. Un hommage mérité au vu des propriétés antioxydantes de l’arbre, repérées de longue date par les industriels. Riches en polyphénols, le châtaignier regorge en effet de molécules antioxydantes bien connues dans le domaine de l’alimentation animale. Les produits qu’on en tire interviennent sur le métabolisme de l’azote et ont un effet protecteur sur les parois intestinales, tout en facilitant la digestion des produits alimentaires tirés de l’herbe, des légumineuses ou de certains foins.
Autant de vertus qui n’ont pas échappé à Jean-Marc Tierny, dirigeant de la société agroalimentaire Ecopsi, installée à Arras depuis 1989. Lequel s’est posé une question simple : pourquoi utiliser des produits antibiotiques coûteux quand les éleveurs pourraient profiter des atouts de l’arbre pour leur substituer des extraits naturels, issus du châtaignier ? A l’heure où les consommateurs sont de plus en plus attentifs aux produits qu’absorbent les animaux d’élevage, la question dépasse la santé animale et ouvre des perspectives prometteuses pour les animaux – et sans doute à terme pour l’homme.
Labellisé par le Programme d’Investissement d’Avenir
Majoritaire dans la société, Jean-Benoît Tierny s’est entouré de quatre associés – dont Marc Roquette, ancien dirigeant du géant mondial du même nom. Au terme d’un long processus de recherche-développement, les cinq hommes se sont lancés avec suffisamment d’arguments et de conviction pour convaincre des partenaires et des financiers de premier plan. Cet été, la jeune entreprise a bouclé son tour de table de 15 millions d’euros, destiné à financer l’implantation d’une usine en pleine Occitanie, au cœur des forêts de châtaigniers. Parmi les parrains de l’aventure, BpiFrance a consenti un investissement de 600 000 euros d’aide à l’innovation ; surtout, le projet King Tree a été lauréat du Programme d’Investissement d’Avenir (PIA), obtenant au passage 3,7 millions d’euros dont 800 000 euros de subventions. Preuve de l’intérêt des financeurs, le projet a reçu le soutien du Crédit Agricole Nord de France, de la BNP, de la Banque Populaire et du Crédit Coopératif.
L’accent ch’ti s’exporte dans le Tarn
Les fonds réunis vont financer l’installation d’un centre de production à Labruguière, dans le Tarn. Et pour être exemplaire de A à Z, King Tree s’implante à deux pas de la Tarnaise des Panneaux, une société spécialisée dans fabrication de panneaux écologiques en bois dur – de quoi imaginer de nombreuses synergies entre les deux sites.
Opérationnelle début 2017, l’usine pilotée depuis le siège arrageois devrait être en mesure d’absorber 60 000 tonnes de bois pour produire dans ses autoclaves des extraits secs ou liquides de châtaignier, riche en polyphénols et destinés à alimenter les élevages de poulets, notamment en partenariat avec le groupe volailler LDC. Avec en ligne de mire la suppression des vaccins et de certains bactéricides.
Les débouchés ne s’arrêtent pas là. King Tree s’adresse aussi aux élevages de lapins et de bovins – sans oublier les perspectives orientées vers la santé humaine, à plus long terme. La présence parmi les cinq associés de Pierre Desreumaux, professeur de gastroentérologie au CHRU de Lille et spécialiste mondial de la maladie de Crohn, n’est à cet égard pas un hasard.
Vive la châtaigne !